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Rencontre : S3A nous parle de sa semaine au studio Red Bull Paris

Discussion avec un amoureux du sample

  • Nora Djaouat
  • 13 April 2017

A l’occasion de la sortie de son EP enregistré au Red Bull Studio Paris, nous avons rencontré S3A. Il nous a raconté sa semaine en studio avec des musiciens, et a dévoilé quelques-unes de ses mines de sample préférées ainsi que les challenges du travail avec des musiciens, lui qui a plutôt l’habitude de piocher dans ses disques pour les sampler. Détails de l'évolution d'un parcours atypique, de ses premières collaborations avec King Crimson à son amour pour la funk fusion.

S3A est un personnage pluriel. S’il a commencé sa carrière dans la scène techno, il a finalement pris un virage house ces dernières années : « S3A est né d’une volonté d’assumer le côté funk, disco et house que j’avais en moi », avoue-t-il. Récemment, il a passé une semaine au Red Bull Studio Paris - déjà testé par KiNK et Flavien Berger entres autres - pour y enregistrer un EP en compagnie des musiciens de La Touche Française. Une grande première pour cet amateur de samples qui n’avait encore jamais porté la casquette de « chef d’orchestre » : « C’était la première fois et je suis très content d’avoir trouvé cette équipe. Nous nous sommes super bien entendu et c’était primordial. Par rapport à la musique que je veux faire, je suis tout le temps en changement de grille d’accord, je veux toujours des tierces, des quintes… Mais je suis un piètre clavier et mes connaissances en solfège ne font pas le poids par rapport à eux : je ne voulais pas me sentir jugé ou limité. L’écoute, la communication et l’échange ont été aussi présents qu’agréables, surtout que j’avais une idée précise des choses que je voulais faire. » En effet, lors de cette semaine en studio, S3A avait deux objectifs : « Réussir à faire des morceaux acoustiques pures et sampler directement à la source avec les choses que j’ai dirigées. »

Quant à l’organisation de cette semaine en studios, il confie : «Franchement, le morceau 'Out of Time' tient son nom de l’ambiance que nous avons eu toute la semaine. On commençait vers 10h le matin et on finissait vers 19h. C’était très sympa, tout en étant studieux. On bossait couper du monde dans un cadre magique… D’ailleurs je tiens à placer une grosse dédicace à Jérôme et Guillaume du Studio Redbull, et mes magiques musiciens (Nico, Raph et Pierre) de ‘La Touche Française’. Sans eux le résultat n’aurait pas été aussi exceptionnel. » Cet EP s’annonce clairement comme le préambule du premier album de S3A. « Mon premier album va continuer à creuser ces ambivalences qui me caractérisent : à savoir entre la musique à écouter et la musique à danser, mais aussi entre l’émotion et la dureté. Cette session m’a permis de tracer la direction de l’album justement même si je suis trop pluriel pour me définir dans un seul style, une seule musique, une seule émotion. Cet album sera exactement comme cela, coupé entre deux mondes, mais réuni par ma vision - ou le message, l'émotion que je veux transmettre - pour en faire quelque chose de cohérent et de non limité dans le temps.»

On a profité de cette discussion sur son expérience au studio Red Bull Paris pour en apprendre un peu plus sur ses influences. Et forcément, elles sont multiples :

« Mes influences sont plurielles et c’est très difficile de résumer cela. C’est la passion de ma vie, et donc cela se construit avec l’âge. J’ai été élevé dans le rock psychédélique anglais comme Yes et King Crimson."

« Mais aussi dans le jazz/funk fusion et le Rhythm’n’blues (celui de Blood Sweet and Tears). Pour autant, je suis très drone et musique de film ».

« Plus tard, n’étant attiré que par les notes spéciales (mineures, dissonantes), j’ai creusé sur l’underground naturellement, comme chez Albert Marcoeur ou Philip Glass… »

« Quand j’ai rencontré la rave anglaise en 92, j’ai tout de suite aimé cette musique nouvelle avec ses accords qui changent de ton sans cesse - normal puisque ce sont des samples d’accord joués et transposés - , les break beats et l’énergie jeune et décérébrée (pour moi c’est parfois une qualité…), je me suis donc orienté vers cela comme un ours est attiré par le miel. J’ai adoré le hardcore français, mais j’ai toujours privilégié la lenteur et les notes aux déluges de BPM. J’ai détesté par exemple toute la scène free party qui passait les 33T techno (que j’avais et que je ralentissais déjà au maximum : nous n’avions pas de CDJ à l’époque) en 45T. ».

« Avec l’âge qui avance et mon travail sur S3A, j’ai vraiment creusé autour du funk fusion et c’est clairement ce que j’écoute le plus depuis des années. En fait, en y réfléchissant, je pense que j’avais cette culture dans mon enfance. Les deux premiers albums de Jamiroquai ont fait le trait d’union et m’ont replongé dedans avec la vulgarisation de ce style qu’on leur doit (acid jazz / fusion…)»

« En plus j’avais 14 ans, et ces années entre 92 et 94 ont eu un impact énorme dans la musique d’aujourd’hui selon moi : notamment la première période de The Prodigy, Rage Against the Machine, Portishead, le 1er album NTM, LONS, Cypress Hill, A Tribe Called Quest, The Pharcydes, Chemical Brothers, ou encore Candyman de Philip Glass. »

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