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Culture

Carla Schmitt : une artiste à l’orée de la danse et de la musique électronique

La DJ allie danse et musique électronique dans son dernier clip pour le label Exhale

  • Camille-Sarah Lorané
  • 31 July 2023


Nouvelle figure de la musique électronique, Carla Schmitt a su puiser sa créativité dans son vécu. Un long chemin parcouru semé de doutes et de rencontres symboliques l’a mené jusqu'ici, à sa carrière de DJ saluée par les plus grands. Sa récente signature sur le label d’Amélie Lens, Exhale, se révèle être un coup du destin. Alors qu’elle était ado, elle lui avait dit dans un club à Bordeaux « Un jour, je serai sur ton label ! ». Quelques années plus tard, Carla Schmitt sort son track ‘Red Ambition’ sur la quatrième compilation de son label Exhale.
Pour illustrer visuellement le message derrière ce track, la DJ, danseuse et chorégraphe, allie ses talents artistiques pour la production de son clip. La fumée s'épaissie autour des corps brûlants des danseurs. Les pas s'accélèrent à mesure que le beat s'intensifie, et la DJ nous subjugue de son regard perçant et sensuel.
Carla Schmitt prouve ici que la musique électronique et la danse contemporaine sont étroitement liées. Accompagnée par Orthodox, elle signe un clip digne d’un court-métrage pour 'Red Ambition'.

Après avoir intégré l'écurie Exhale avec un clip cinématographique remarqué, Carla enchaîne les releases sur les labels et dévoile un univers plus mélancolique avec le track 'Mon coeur se serre' disponible sur la dernière VA GOMBOC. Sans oublier la récente sortie sur le mythique label Allemand VOXNOX de son track 'Millesima'. Une production pleine d'émotion et de puissance qui offre un avant goût de ce que Carla nous réserve dans les mois à venir...
La jeune DJ et productrice ne s'arrête pas dans son ascension et lance sa série d'events et sa communauté VIBRATE avec un premier rendez-vous au Kilomètre25 à Paris. Pour célébrer cette première édition, Carla Schmitt imagine le lineup idéal et s'entoure de l'artiste Française Röuge du label Raw, ainsi que de Toni Alvarez (ES) et de son amie Yasmin Regisford issue de la scène franco-américaine et fille du célèbre DJ Timmy Regisford.

D'où provient l'énergie insatiable et la créativité sans limite de Carla Schmitt ? C’est à cœur ouvert que l'artiste bordelaise se livre à Mixmag sur son parcours, sa famille, ses angoisses et ses passions... entrez dans la danse !

La musique a toujours eu une place importante dans la vie de Carla Schmitt. La DJ bordelaise explique que « le déclic s’est vraiment fait quand (elle a) mis les pieds dans le club Respublica à Bordeaux (qui aujourd’hui n’existe plus) ». A cette époque, elle n’avait que 16 ans et elle faisait le mur pour aller danser et découvrir « ce monde intriguant » qu’est la culture club. Elle a pu s’imprégner du style Hardcore ou Trance très tôt. Et pour vivre la nightlife à cet âge en toute sécurité, elle a pu compter sur son oncle. A l’époque, il tenait un bar très populaire sur Bordeaux. Ils ont conclu tous les deux un deal : Carla devait le prévenir qu’elle sortait et ensuite il signalait aux patrons des clubs de sa venue. Qui sait, si sans ce petit secret, Carla serait devenue la DJ que l’on connaît aujourd'hui ?

La jeune Carla a pu découvrir le monde de la nuit grâce à son grand frère, un passionné de musique électronique aussi. C’est leur amour pour le son qui les a rapprochés malgré la différence d'âge. Carla confie qu'ils voyaient « les mêmes artistes, il comprenait (son) émotion pour la musique et (ses) envies de vouloir faire quelque chose dans ce milieu.»

Sa fascination pour la musique électronique n’est pas née seulement dans les clubs, mais aussi dans les studios de danse grâce à son ancienne professeure, Laure George. La DJ se rappelle la ”culture incroyable » de sa prof de danse. C’est à 11 ans que Carla a dansé sur le track qui l’a marqué : ‘Sehnsucht’ d’Ellen Allien lors d’un concours de danse. Sans oublier le son ‘New Error ‘ de Moderat et l’album OR de Kangding Ray qui guidaient ses pas pendant les chorégraphies. Ces artistes l’ont profondément marqué et restent des influences majeures pour Carla Schmitt, que ce soit Ellen Allien, Moderat, Olafur Arnalds, Rone, Kangding Ray, ou Laurent Garnier. Tout comme des DJ’s Trance : Vini Vici, Astrix, et Neelix (dont elle est fan encore aujourd’hui).
Carla Schmitt a toujours aimé la danse, elle est tombée dedans, comme on dit, dès ses trois ans. La cadence s'accélère pour la petite danseuse en devenir, et à dix ans, elle participe à des compétitions à la Confédération Nationale de Danse (CND). La DJ confie que la danse l’a « aidé à (se) construire, à évoluer, mais aussi à (s)’exprimer sans utiliser la parole, chose qui était compliquée à l’époque ». Ses parents l’ont donc soutenue dans sa passion et l’ont poussée vers sa carrière de danseuse professionnelle

Plus jeune, Carla avait « du mal a (s’) identifier a certains artistes que ça soit au niveau du style, de l’énergie, de l'éloquence...». Mais tout bascule lorsqu’elle découvre une vidéo d’Amélie Lens et ressent l'énergie qu’elle dégage, une vibe qui la touche et qui lui parle. C’était une séquence au Labyrinth Club où Amelie Lens jouait son track ‘Contradiction’, que la future DJ se dit : « C’est ça que je veux faire de ma vie après ma carrière de danseuse ». Comment la jeune Carla pouvait savoir que quelques années plus tard, elle allait signer sur le VA d’Amélie Lens ? Elle se rappelle quand Amélie l’a contacté sur Instagram pour lui annoncer qu’elle sera sur sa prochaine compilation. C’était un moment très symbolique pour la carrière de Carla Schmitt. Aujourd’hui encore, elle ne se rend pas vraiment compte qu’elle a signé sur Exhale et qu’elle a fait « tout ce chemin pour atteindre un de (ses) rêves de jeune fille ».

Cette collab sur le VA004 du label Exhale lui a permis de concilier tous ses talents pour illustrer le clip de ‘Red Ambition’. Passionnée de cinéma, Carla a notamment collaboré avec le réalisateur Kim Chapiron en tant qu’actrice et ce dernier l’a beaucoup conseillé dans ce domaine. Par la suite, la DJ réalise elle-même ses premiers projets vidéos avec Illan Dupont et Jeanne Juffroy. Son goût pour le 7ème art transparaît donc dans la mise en scène de son dernier clip ‘Red Ambition’. En effet, grâce aux chorégraphies contemporaines, Carla a pu insérer une nouvelle esthétique cinématographique à la Techno. Elle déclare que « le peu de clips qui sortent sont souvent liés aux drogues, à la violence, l’alcool, et même au viol. Les jeunes vont dans des soirées où les fins ne sont jamais très joyeuses ». C’est pourquoi la jeune DJ souhaite valoriser l’image de la scène électronique et évite d’assimiler la musique Techno à ce type de contenu.

Dans ce nouveau clip, Carla a voulu « exprimer une rébellion artistique, et montrer qu’il n’y a pas de barrière dans l’art et qu’il faut se surpasser et toucher le fond pour ensuite se relever. » Son projet met en lumière la part sombre des milieux artistiques : « c’est dur de faire sa place ». La danseuse souligne à travers sa chorée qu’il « faut avoir un très gros mental, surtout quand on est une femme ». Elle exprime aussi dans ce clip la jalousie mal placée. Pour la DJ, « toutes les femmes dans l’industrie, surtout hétérosexuelles, subissent des moqueries a leur début de carrière, ou alors elles entendent cette fameuse phrase "si tu réussis c’est grâce à ... " ou "Tu as couché avec lui pour avoir ça..." ». Un vécu qui peut toucher n'importe quelle artiste et qui engendre une perte de confiance en soi. Des émotions et des angoisses qu’elle a aussi mis en avant dans ces derniers EP’s ‘My Fears’ signé sur KR Records et ‘Blank Page’ sur Dusk.

« Il n’y a qu’un pas entre la danse et la musique techno. Il n’y a qu'à voir quand on sort en club ou warehouses, il y a une magie qui se passe dans nos corps.”

Carla Schmitt souhaite créer un pont entre la danse contemporaine et la musique électronique, « deux mondes qui ne sont pas si éloignés que ça ». La DJ et danseuse souligne que le lien se fait naturellement pour elle grâce à ce qu’elle a appris auprès de nombreux chorégraphes comme Bruno Vandelli, Alain Gruttadauria ou Bruno Agati. Ils utilisaient déjà comme moyens de support la musique électronique comme le faisait son ancienne professeure de danse Laure George.

Malgré tout, c’est assez nouveau pour beaucoup de danseurs. C'est ce qu'a remarqué la DJ lorsqu’elle se formait à Paris : elle ne dansait sur aucune musique Techno ou expérimentale. Les élèves et les professeurs n’hésitaient pas à juger sa manière de percevoir ce genre musical et la danse. Ils la considéraient comme un alien. On lui disait même « que c’était de la musique bizarre et qu’il était impossible de danser sur de la musique sans paroles ».

La France a peur de la nouveauté et la danseuse le ressent surtout lorsqu’elle collabore avec des compagnies de danse à l’étranger comme à Berlin notamment : « où ça n’a strictement rien à voir ». Les lignes bougent doucement dans l'Hexagone, Rone a fait une forte impression avec son dernier spectacle en collaboration avec le collectif la Horde de l’Opéra de Marseille. Dans un autre format,Yanis Marshall a récemment « relevé le niveau » lors de la diffusion de la Star Academy, où il a pu mettre sous les feux des projecteurs la danse de talons et la technique des danseurs.
Carla Schmitt est prête à faire trembler les frontières entre musique électronique et danse contemporaine et l'annonce : « S'il faut éduquer les personnes et rapprocher ces deux mondes alors je le ferai. »




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